Méditation transcendantale (MT)

«En tant qu'étudiant à la Maharishi University of Management, vous découvrirez qu'en faisant l'expérience de la conscience transcendantale, vous vous ouvrez à l'océan de la conscience ou de l'intelligence, le fondement de la vie et de l'évolution de l'univers.»

«Plus de 500 études scientifiques menées par plus de 200 universités et institutions de recherche dans 33 pays ont documenté les avantages de la méditation transcendantale pour l'esprit, le corps, le comportement et l'environnement.» [Voici la référence pour ce texte, mais ne l'utilisez que si vous retrouver prisonnier d'un site Web sans pouvoir retourner en arrière ne vous gêne pas: The Transcendental Meditation Program at Maharishi University of Management]

Il s'agit là d'une affirmation intéressante, puisque la conscience transcendantale n'est pas un concept scientifique, mais métaphysique.

Ensemble de techniques de méditation hindoues introduites en Occident par le Maharishi Mahesh Yogi, surnommé le gourou rieur en raison de l'habitude qu'il a de rire dans sa barbe durant ses entrevues télévisées. La MT est censée amener son praticien à un état spécial de conscience que l'on décrit souvent comme «l'illumination» ou «le bonheur suprême». La méthode prévoit la répétition d'un mantra, formule prétendument spéciale qui n'est souvent rien d'autre que le nom d'un dieu hindou. Les disciples paient des centaines de dollars pour leur mantra. On leur fait croire qu'il est unique et qu'on l'a choisi spécialement pour eux. Ce n'est là qu'un des nombreux mensonges des dirigeants du mouvement.

Le site Web de la MT prétend qu'il s'agit d'un «programme» et qu'il a fait l'objet «de vérifications scientifiques». En fait, il s'agit d'une vaste entreprise commerciale à caractère religieux, d'un culte dont les prétentions scientifiques sont grandement trompeuses. Voilà pourquoi il faut prendre avec un grain de sel des affirmations de ce genre:

La méditation transcendantale du Maharishi Mahesh Yogi est la technique la plus simple et la plus efficace qui soit pour atteindre un niveau de relaxation profonde, éliminer le stress, améliorer son état de santé, augmenter sa créativité et son intelligence, et atteindre un contentement et un bonheur intérieur total.*

Par de telles exagérations, on tente de tromper le public en lui faisant croire que n'importe quelle étude sur les avantages qu'offre la relaxation, peu importe où elle a été effectuée, valide la méditation transcendantale.

Le mouvement a commencé en Inde, en 1956. Il s'est maintenant étendu au monde entier, et prétend compter plus de 5 millions d'adeptes, quoique le nombre réel de pratiquants de la MT est sans doute beaucoup plus modeste. Nombreux sont ceux qui ont entendu parler de cette «technique» parce que les Beatles et autres célébrités comme Mia Farrow ou Donovan ont fréquenté l'ashram du Maharishi vers la fin des années 1960. Les Beatles ont dû s'apercevoir que l'argent et la gloire ne suffisaient pas, et, comme bien d'autres à l'époque, se sont tournés vers l'Orient afin de trouver le bonheur que la célébrité et la drogue ne pouvaient leur procurer. Beaucoup pensent que la méditation offre une façon d'atteindre une euphorie plus grande qu'avec n'importe quelle drogue, et un pouvoir sans pareil, celui du contrôle de soi. Par-dessus le marché, elle procure de la détente et de la satisfaction, pour peu que le gourou n'exige pas trop pour les leçons, financièrement ou psychologiquement, et qu'il ne soit pas constamment sur votre dos pour que vous incitiez d'autres néophytes à s'inscrire aux cours.

La MT attire principalement parce qu'on prétend qu'il s'agit d'un moyen scientifique pour vaincre le stress. La technique est censée se fonder sur la «Science de l'intelligence créatrice», discipline dans laquelle on peut obtenir un diplôme à la Maharishi University of Management (la MUM, autrefois la Maharishi International University) à Fairfield, en Iowa. La MUM offre «toute une gamme de disciplines universitaires pour une gestion réussie de tous les domaines de la vie». On y retrouve également en vente un grand nombre de produits de santé et de beauté pour ceux qui veulent joindre un corps parfait à leur esprit parfait.

Dans la publicité destinée aux néophytes, on retrouve toutes sortes de tableaux et de graphiques supposés montrer «scientifiquement» les merveilles de la MT. On y parle de taux métabolique, de consommation d'oxygène, de production de monoxyde de carbone par le corps, d'hormones, d'ondes cérébrales, le tout mesuré et présenté de façon à faire croire que la MT amène les méditants à un nouvel état de conscience. En réalité, la plupart des soi-disant scientifiques qui travaillent pour le mouvement n'effectue pas d'expériences contrôlées, ce qui les met sur le même pied que la plupart des parapsychologues en ce qui a trait à la conception et au contrôle des expériences. Autrement dit, leur travail est mal fait, quand il n'est pas carrément frauduleux. Quelques-unes de ces études sont tout bonnement triviales: on peut obtenir certains des résultats physiologiques tant vantés simplement par une bonne détente. Malgré tout, selon des partisans de la méditation transcendantale, des tests ont montré que celle-ci produit «des signatures neurophysiologiques grandement différentes de celles de la détente et du repos» [Judy Stein, correspondance avec l'auteur]. Certains critiques sont en désaccord, cependant, et citent d'autres études qui les laissent entendre que la MT pourrait être dangereuse pour la santé. Par exemple, une étude allemande faite en 1980 montrait que les trois quarts des 67 sujets qui méditaient depuis longtemps avaient éprouvé des difficultés de santé.* Il faut cependant prendre garde de tirer des conclusions définitives à partir d'un si petit échantillon. La MT attire peut-être des gens qui sont grandement affectés par le stress, et qui cherchent à obtenir un soulagement. Ainsi, les problèmes physiques ou psychologiques de certaines méditants pourraient bien avoir précédé le moment où ils ont commencé à pratiquer la MT. Dans le cas de l'étude susmentionnée, la méditation n'a pas causé les problèmes, mais elle n'y a pas mis fin non plus.

Une des affirmations les plus incroyables des partisans de la méditation transcendantale est sans doute celle qu'ils peuvent voler. Enfin... disons: flotter dans les airs. À ses débuts, le mouvement promettait haut et fort la capacité de léviter. Aux nouvelles télévisées, on a montré des images de méditants sautillant en position du lotus, et qui prétendaient voler. Comme la chose était cousue de fil blanc, le mouvement a abandonné cette affirmation ridicule. Certains membres, par contre, prétendent qu'ils peuvent maîtriser toute une gamme de pouvoirs surnaturels ou paranormaux grâce à la méditation transcendantale, y compris l'invisibilité. Comme la télévision est un médium visuel, ce genre d'exploit est passé largement inaperçu.

L'un des effets démontrables que le mouvement attribue à la MT s'appelle l'effet «Maharishi». Là encore, on fait appel à l'objectivité de la science: «la méditation collective produit des changements dans tout champs physique fondamental unifié, et... ces changements se reflètent dans la société en touchant chacun de ses aspects de façon positive» (Barry Markovsky). L'une des études effectuées par un professeur de physique de la MUM, Robert Rabinoff, prétend que l'effet Maharishi a fait baisser la criminalité et diminuer le nombre d'accidents tout en augmentant la production agricole dans les environs de l'université Maharishi de Fairfield, en Iowa. James Randi a vérifié auprès du service de police de Fairfield, du Département de l'agriculture de l'Iowa, et du Département des véhicules à moteur, pour se rendre compte que les données de Rabinoff n'étaient que pure invention (Randi 1982, pp. 99-108).

Fait cocasse, les pratiques comptables de la MUM semblent à la hauteur de sa recherche scientifique. En 1975, la MUM a retenu les services de Maître Anthony D. DeNaro comme conseiller juridique et directeur, Administration des subventions. Dans une déclaration assermentée signée en 1986, et présentée devant la Cour du district de Columbia, aux États-Unis, il a déclaré:

il est devenu pour moi évident que l'organisation était enfoncée si profondément dans un marasme de fraude, y compris de fraude fiscale, de problèmes de lobbying et d'autres types de tromperies, qu'il était devenu impossible pour moi, d'un point de vue déontologique, de continuer à travailler pour le mouvement en tant que conseiller juridique.

J'en ai discuté avec Steve Druker [le vice-président exécutif de l'Université], et j'ai accepté de conserver mon poste de directeur, Administration des subventions, sous certaines conditions. Dans la pratique, cependant, comme j'avais reconnu l'existence de pratiques frauduleuses servant, en partie, à faire passer le mouvement pour une organisation scientifique (plutôt qu'une secte), de façon à ce qu'on l'exonère de l'impôt, je faisais un piètre directeur.*

Selon DeNaro, « il n'y a absolument aucune différence entre les autres techniques de méditation et la méditation transcendantale, à part la propagande et les affirmations exagérées qui s'y rattachent». Dans sa déclaration, il dit en outre que la MUM se caractérise par

un comportement d'évitement ou de déni de la réalité inquiétant... allant jusqu'au mensonge et à la tromperie pure et simple, afin de cacher ou de maquiller des problèmes bien réels que le retrouve sur le campus: de graves dépressions nerveuses, des épisodes de comportement dangereux et bizarres, des manifestations d'idées suicidaires et homicides prenant la forme de menaces et de tentatives, des épisodes psychotiques, des crimes, et des comportements maniaques qui accompagnent souvent les séances intensives de méditation en groupes dans lesquelles s'appliquent des techniques de lavage de cerveau.

Les partisans de la MT affirment que DeNaro n'est qu'un dissident qui manifeste son dépit. Dans ce cas, il n'est pas le seul.

Patrick Ryan est un diplômé de la MUM, et il a pratiqué la méditation transcendantale pendant dix ans. Il a fondé un groupe de soutiens pour les anciens membres du mouvement (TM-Ex). Ryan aussi affirme que le mouvement ne fait pas qu'offrir «une détente facile par la méditation», et qu'il a beaucoup recours à la tromperie.

Dans sa publicité, la méditation transcendantale met l'accent sur les avantages pratiques de la méditation, en particulier sur la diminution du stress. On a recours à des vidéos montrant des membres de toutes les couches de la société qui témoignent à ce sujet. Le baratin publicitaire du mouvement regorge de tableaux sur la tension artérielle, de graphiques de fréquences cardiaques, et d'autres preuves cliniques de l'efficacité de la méditation transcendantale. On passe cependant sous silence le fait que des essais scientifiques ont révélé des effets semblables chez ceux qui écoutaient de la musique douce ou qui effectuaient des exercices de relaxation simples, tiré de livres ne coûtant que quelques dollars. Après que l'adepte a payé jusqu'à 400 $ pour recevoir son mantra personnel, on l'enjoint de ne jamais le révéler à qui que ce soit d'autre. Pourquoi? Parce que le même mantra, supposé unique, a été donné, sur la base de l'âge, à des milliers de personnes.*

Intéressant, ça: un groupe de soutien pour les anciens membres de programmes de relaxation...

Le volet politique de la MT

Comme le font d'autres groupes religieux ces temps-ci, le mouvement se mêle de politique. Le Parti de la loi naturelle représente sa tentative de faire pénétrer ses enseignements métaphysiques et ses pratiques dans chacun des aspects de la vie des États-Unis et d'autres pays: l'éducation, la santé, l'économie, la réforme carcérale, l'énergie, l'environnement... Le parti possède même une politique sur l'alimentation saine.

On a également tenté de faire entrer la méditation transcendantale dans les écoles publiques. Par exemple, l'édition du 1er mars 1995 du Sacramento Bee (p. B4) rapporte que John Black directeur d'un programme de MT à Palo Alto, en Californie, a tenté de persuader les autorités de San Jose de le laisser enseigner la MT dans les écoles. La méditation, prétend-il, améliorerait les résultats des étudiants, ferait diminuer le nombre de grossesses chez les adolescentes, débarrasserait les établissements de la violence et des drogues, et permettrait aux enseignants d'éviter l'épuisement professionnel. Il a livré son message lors d'une conférence gratuite pour les enseignants et les méditants intitulée: «Comment résoudre la crise dans nos écoles».

Peut-être que des gens comme John Black croient véritablement que la méditation transcendantale peut réaliser de tels exploits, mais ils n'ont aucune preuve que c'est bien le cas. John Black déclare que «la crise dans nos écoles de vient de ce que les gens sont stressés». D'accord, mais que veut dire une telle affirmation au juste? Les autorités scolaires ont sagement choisi de faire la sourde oreille. Même la publicité achetée dans un journal par le Maharishi Mahesh Yogi en personne, dans laquelle il offrait «Une méthode éprouvée pour éliminer le crime à San Jose» pour la modique somme de 55,8 millions de dollars par année n'a pas fait vaciller le Conseil municipal de la ville. Des annonces semblables ont paru dans plusieurs des grands journaux des États-Unis, sans le moindre effet.

Qui a dit qu'on ne pouvait plus se fier sur nos élus?

Voir également: Médecine ayurvédique et Deepak Chopra.

Lectures recommandées:

Austin, James H. (1998). Zen and the Brain: Toward an Understanding of Meditation and Consciousness. MIT Press.

Blackmore, Susan (2003). Consciousness: An Introduction. Oxford University Press.

Fenwick, P. (1987). Meditation and the EEG. Dans M. West (éd.) The Psychology of Meditation. Clarendon Press.

Gardner, Martin. "Doug Henning and the Giggling Guru," Skeptical Inquirer, mai-juin 1995.

Randi, James. Flim-Flam! (Buffalo, New York: Prometheus Books, 1982), chapitre 5, "The Giggling Guru: A Matter of Levity".

West, M. (1987). (éd.) The Psychology of Meditation. Clarendon Press.

Page de Prévensecte sur le Mouvement (en français)

Site web du Parti de la Loi naturelle