Photographie psychique

Quiconque pense que la photo ne ment jamais n'a jamais réfléchi.

Production d'images sur un médium photographique par des moyens relevant du paranormal, comme la psychokinèse, ou encore d'images de phénomènes paranormaux tels que des fantômes ou des corps astraux.

Les clichés truqués, comme les photos d'ovnis et d'autopsies d'extra-terrestres de Billy Meier, ou celles des fées de Cottingly, du monstre du Loch Ness ou du Sasquatch, ne se classent pas dans cette catégorie. Bien des photographies psychiques relèvent en fait de truquages, mais beaucoup d'entre elles ne montrent que des artefacts. Il peut s'agir de phénomènes naturels ou de divers défauts de l'appareil photo ou de sa pellicule, de problèmes d'exposition, d'erreurs de développement, de reflets d'objectifs, d'irruption dans l'image de la dragonne de l'appareil, de la lumière de la lampe-éclair qui se reflète sur des miroirs, des bijoux ou autres objets, d'effets de lumière ambiante, de polarisation, de réactions chimiques, etc. (Nickell 1994, 1997).

Les premiers clichés du genre ont fait leur apparition dès l'avènement de la photographie. "En 1856, déjà, on proposait au public de se faire photographier, à l'aide d'un trucage, en compagnie de personnages fantomatiques" (Williams 2000, 205). En 1862, un certain William Mumler gagnait très bien sa vie, à Boston, en produisant par double exposition des clichés dans lesquels étaient censément représentés les esprits de disparus (Williams, 326). Il semble que Mumler a eu bien des émules.

Certains experts du paranormal, apparemment inconscient du fait que les photos d'esprits procèdent de truquages ou d'interprétations erronnées de faits banals, s'efforcent de pourchasser les fantômes pour les photographier. D'autres vont même jusqu'à prétendre qu'ils peuvent transférer directement leurs pensées sur la pellicule par télépathie photographique.

La télépathie photographique a été popularisée par le psychiatre Jule Eisenbud. Il a écrit un livre sur Ted Serios, chasseur dans un hôtel de Chicago, qui se disait capable de faire apparaître sur des films Polaroid les images qu'ils formait dans sa pensée. Après la publication de l'ouvrage d'Eisenbud, The World of Ted Serios: 'Thoughtographic' Studies of an Extraordinary Mind (1966), d'autres individus ont prétendu posséder des pouvoirs semblables. Selon Eisenbud, Serios agissait par psychokinèse, et parfois au cours de voyages astraux. Charlie Reynolds et David Eisendrath, tous deux magiciens amateurs et photographes professionnels, ont découvert le pot-aux-roses après avoir passé une fin de semaine avec Serios et Eisenbud. Ils ont surpris Serios en train de glisser un objet dans le petit cylindre qu'il exigeait toujours de placer devant la lentille de l'appareil photo afin, disait-il, de favoriser sa concentration. Le cylindre contenait sans doute l'une image que Serios cherchait à faire reproduire par l'appareil, en prétendant ensuite qu'il l'avait fait se matérialiser. Le récit des deux enquêteurs ayant paru dans le numéro d'octobre 1967 de Popular Photography, les pouvoirs paranormaux de Serios se sont mystérieusement estompés, et on n'a plus entendu parler de lui.

Bien des années plus tard, Uri Geller a repris le tour à son compte. Geller pressait contre son front l'objectif d'un appareil photo 35 mm, toujours muni de son capuchon, et appuyait sur le déclencheur. Il prétendait ensuite que ce qui avait impressionné la pellicule avait été produit par son cerveau. C'était sans doute le cas, mais après un cheminement quelque peu tordu… Selon James Randi, prestidigitateur et grand déboulonneur d'idoles du paranormal, la photographie dite psychique se fait grâce à de petits instruments optiques, tenant facilement au creux de la main (Randi 1982, 222ff.; 1995, 233), ou par une pellicule déjà impressionnée. Des personnes intelligentes, mais ignorantes en matière de photographie sont susceptibles de se faire duper par des photos psychiques ou des clichés de monstres préhistoriques ou de fées, comme le fut Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes.

Il semble étrange que les esprits ou les forces paranormales, quelles qu'elles soient, possèdent le pouvoir d'apparaître sur des pellicules photographiques ou de se révéler à des appareils électroniques, ou encore de communiquer avec un petit groupe de témoins choisis, par des bruits étranges qu'il faut ensuite interpréter en ratissant large. Les esprits n'aiment pas vraiment s'asseoir à table et donner directement le fond de leur pensée. En cela, ils ressemblent beaucoup à Dieu. C'est sans doute pourquoi nous aimons tous le jeu de cache-cache, qui détient peut-être le secret de la nature humaine et de l'univers.

En savoir plus

Brugioni, Dino A. Photo Fakery : The History and Techniques of Photographic Deception and Manipulation ( Brasseys Inc., 1999).

Nickell, Joe. Camera Clues: A Handbook of Photographic Investigation (University Press of Kentucky, 1994).

Nickell, Joe. "Ghostly Photos," Skeptical Inquirer, July/August 1997

Randi, James. An Encyclopedia of Claims, Frauds, and Hoaxes of the Occult and Supernatural (N.Y.: St. Martin's Press, 1995).

Randi, James. Flim-Flam! (Buffalo, New York: Prometheus Books, 1982),

Randi, James. The Truth about Uri Geller , (Buffalo, NY: Prometheus Books, 1982).

Williams, William F. editor, Encyclopedia of Pseudoscience (Facts on File, 2000).